Catégorie : Critiques

Pierre Béhel critique ici de tout : films, musiques, livres, etc.

  • Inglourious Basterds : la chasse délirante est ouverte

    Affiche du film “Inglourious Basterds", de Quentin Tarantino.Inglourious Basterds, de Quentin Tarantino avec Brad Pitt et Mélanie Laurent, nous amène dans une rencontre impromptue entre deux complots pour tuer un maximum de nazis à Paris en 1944. D’un côté, un commando de Juifs américains massacrant avec sauvagerie plus vite que son ombre, et de l’autre une jeune Juive voulant venger sa famille. Mais le tout reste un Tarantino avant d’être un film de guerre.

    Le délire uchronique fait se succéder les massacres à grande échelle à la mitrailleuse (qui remplace admirablement la tarte à la crème) avec une précision dans la mise en scène tout à fait remarquable. Alors, second degré, oui, mais du bon, du bien sniffé et on en redemande parce que, quoique Tarantino ait fumé, c’était de la bonne.

    Malgré tout, et pour que le second degré fonctionne comme tel, tous les codes classiques du film de guerre sont utilisés… pour être parodiés bien évidemment. Il faut saluer notamment la performance des acteurs qui arrivent à se glisser dans les personnages les plus improbables et les situations les plus catastrophiques tout en les rendant parfaitement crédibles, même lorsqu’ils s’en sortent.

    Bref, pour qui aime les Tarantino, ce sera là un grand cru à apprécier d’urgence. Mais il est vrai qu’il faut être amateur et que les allergies sont compréhensibles.

  • Neuilly Sa Mère : se moquer plus pour rire plus

    Affiche du film “ Neuilly Sa Mère", de Gabriel Laferrière.Neuilly Sa Mère, de Gabriel Laferrière, avec Samy Seghir, Jérémy Denisty, Denis Podalydès et Rachida Brakni, joue sur le classique décalage entre un candide et un groupe pour mener une satyre sociale sur Neuilly et sa faune grand’bourgeoise. Voilà donc le petit maghrébin de banlieue, demi-orphelin, propulsé chez sa tante ayant épousé un riche bourgeois et devant se conformer aux codes de son nouvel habitat.
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  • Le temps qu’il reste : contemplation palestinienne

    Affiche du film “ Le temps qu'il reste", de Elia Suleiman.Le temps qu’il reste, de Elia Suleiman, avec Ali Suliman et Saleh Bakri, retrace la vie d’une famille palestinienne de Nazareth sous l’occupation israélienne de 1947 à nos jours au travers de scènes décousues se voulant significatives. Si le film peut défendre honorablement la cause palestinienne face à l’occupation israélienne et aux exactions liées à celle-ci, il reste un ensemble disparate et contemplatif, guère passionnant faute de véritable histoire.

    Si ce n’est pas le premier film à tenter de faire rire de situations dramatiques en jouant sur le loufoque, les scènes misant sur l’absurde assurent une décompression des plus utiles. Le palestinien allant jeter sa poubelle en téléphonant à sa petite amie tout en étant suivi par le canon d’un tank israélien (ce qui n’est pas sans faire penser à la place Tien An Men), le saut à la perche du héros au dessus du mur coupant le territoire palestinien en deux pour rejoindre sa tante mourante, le jeu de ping-pong autour d’un brancard entre l’armée israélienne et les infirmiers, le contrôle permanent des pêcheurs… sont autant de scènes jouant sur l’absurde, le ridicule, tout en montrant l’horreur de l’oppression.

    Mais ce n’est pas parce que le peuple palestinien souffre que les spectateurs doivent subir le même sort. Le titre doit faire référence aux pensées de ceux-ci lorsqu’ils regardent leurs montres durant la projection.

  • Demain dès l’aube : quand le jeu cesse d’en être un

    Affiche du film “Demain dès l'aube", de Denis Dercourt.Demain dès l’aube, de Denis Dercourt, avec Vincent Perez et Jérémie Renier, se déroule dans l’univers très particulier des « reconstitueurs », c’est à dire des pratiquants du jeu de rôle historique en grandeur réelle, en l’occurrence à l’époque napoléonienne. Mais, à l’occasion de la maladie de sa mère, un concertiste entre dans cet univers sans guère de préparation, à l’invitation de son jeune frère. Il en oublie (mais ne semble pas être le seul…) qu’il ne s’agit que d’un jeu. Notons d’ailleurs que les résumés qui ont circulé avant la sortie du film sont inexacts : les deux frères ne s’opposent pas, la mère non plus, au sujet de ce jeu.
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  • Là-Haut : la poésie des cimes

    Affiche du film “ Là-Haut", de Pete Docter.Là-Haut (Up), de Pete Docter, est la dernière production Pixar/Disney. Lorsqu’il se retrouve à 78 ans, veuf et sur le point de se faire expulser de sa maison, Carl décide de réaliser la promesse qu’il avait faite à sa femme de se retirer sur des chutes d’eau magnifiques, accroche des milliers de ballons à la cheminée de sa maison et décolle ainsi dans ce dirigeable insolite direction l’Amérique du Sud, embarquant au passage un scout bavard et collant à la recherche du badge pas encore gagné.
    Pixar rompt les codes du dessin animé mais, cette fois, pas pour faire un délire politiquement incorrect comme le Shreck des concurrents Dreamworks. Là-Haut débute en effet par une longue séquence triste quasiment muette (en dehors de la musique) résumant la vie du héros jusqu’à la mort de sa femme. D’une façon générale, l’ensemble du film hésite entre la tristesse et la comédie.
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  • Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé : le dénouement est proche

    Harry Potter et le Prince de Sang MêléHarry Potter et le Prince de Sang Mêlé, de David Yates, avec Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint, nous amène dans la sixième année d’études à Poudlard du héros. La puissance de Voldemort s’accroit et l’affrontement final s’approche. Ceux qui ont lu les livres de J.K. Rowling constateront évidemment que l’histoire est grandement simplifiée, notamment en ce qui concerne les intrigues politiques.
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  • The Reader : sensualité, crime et littérature

    Affiche du film “ The Reader", de Stephen Daldry.The Reader, de Stephen Daldry, avec Kate Winslet et Ralph Fiennes conte l’initiation sexuelle d’un adolescent allemand dans les bras d’une femme qui pourrait être sa mère mais se révèlera avoir été une criminelle nazie. Analphabète, elle a toujours aimé se faire lire des livres, par les Juifs dans les camps comme par son jeune amant. Kate Winslet a enfin obtenu son Oscar de la Meilleure Actrice pour un film qui n’est cependant pas sa meilleure composition.
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  • Public Enemies : la pègre, la vraie

    Affiche du film “ Public Ennemies", de : Michael Mann.Public Enemies, de : Michael Mann avec Johnny Depp, Christian Bale et Marion Cotillard nous ramène à l’époque où John Edgar Hoover tente d’imposer son idée d’une police fédérale aux Etats-Unis, le désormais célèbre FBI. Dans ces années 30, un braqueur jolicoeur multirécidiviste est la cible rêvée du marketing de Hoover : John Dillinger.
    Tous les ingrédients classiques du film de gangsters sont réunis, sur un fond historique troublé, celui de la Grande Crise, qui, malheureusement, n’apparait pas. On est loin du côté « étude sociale » d’un Bonnie and Clyde.
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  • Age de glace 3 : un amour de noisette

    Affiche du film “ L'âge de glace 3 : le temps des dinosaures", de Carlos Saldanha.L’âge de glace 3 : le temps des dinosaures, de Carlos Saldanha, permet le retour des héros des deux premiers opus, le mammouth stressé, le tigre aux dents de sabre faux dur, le paresseux agité, etc. Plus encore que dans les deux premiers opus, les aventures de Scratte et de sa noisette, ici aux prises avec une redoutable rivale en la personne d’une Scratette, réalisent un fil rouge délirant à l’ensemble du film.
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  • Fais moi plaisir : mais tout le plaisir est pour nous !

    Affiche du film “Fais moi plaisir", d' Emmanuel Mouret.Fais moi plaisir, de et avec Emmanuel Mouret, avec également trois délicieuses actrices (Judith Godrèche, Frédérique Bel et Déborah François), est une bien gentille comédie de boulevard sur le désir inassouvi. Voilà donc le héros, obligé d’avouer qu’il a regardé une femme inconnue qui n’a pas été indifférente, que sa compagne oblige à revoir pour purger au lit un désir inassouvi et qui finit par partir avec la soubrette mais reste au final fidèle à son seul amour.

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