Suspension d’incrédulité : mission impossible

Le principe du cinéma comme de la fiction en général repose sur un concept essentiel : la suspension d’incrédulité. Il s’agit que les choses que l’on raconte ne soient pas remises en cause par le lecteur ou le spectateur. Les vampires existent sinon Dracula ne peut pas être raconté. Bon. Voilà la règle. Mais la suspension d’incrédulité est parfois une mission impossible pour le spectateur.

C’est précisément le cas avec « Mission : Impossible – The Final Reckoning ». Ce dernier (en date) avatar de la saga cinématographique ayant dénaturé la série des années soixante/soixante-dix est une mine d’idioties et d’incohérences faisant parfaitement suite au film précédent dont il constitue la deuxième partie, « Mission : Impossible – Dead Reckoning« .

Un tableau absurde

Sans entrer dans les détails, brossons le tableau général. Dans une mission précédente, par inadvertance, notre héros a créé Skynet. Pardon : l’Entité. Il faut respecter les droits d’auteurs de Terminator. Evidemment, l’Entité veut exterminer l’humanité par une guerre nucléaire mais a commencé par détruire un sous-marin où a été stocké pour une raison invraisemblable son code source. Au nom de la suspension d’incrédulité, nous admettrons qu’une telle IA peut exister, comme pour Terminator. Bon. Mais, dans Terminator, Skynet avait une raison de vouloir détruire l’humanité. Dans Matrix aussi, la Matrice a la même bonne raison. En l’occurrence, les méchants humains voulaient détruire l’IA. Là ? Ben non, elle veut détruire le monde parce qu’elle est la méchante.

De la même façon, l’éternel méchant de la saga qui a tué l’amour de jeunesse du héros aide la dite IA. Pourquoi ? Parce qu’il est le méchant. Quand l’IA constate qu’il est vraiment trop con, elle le vire mais le méchant veut alors asservir l’IA. Et elle n’aime pas ça. De même, le méchant trahit et tente d’assassiner une complice à la fin du premier film. Bizarrement, celle-ci lui en veut et devient gentille en révélant tous ses secrets.

Un scénario incohérent de bout en bout

Durant toute la paire de film, les personnages agissent en dépit du bon sens. Jusqu’à la poursuite finale où le méchant veut connecter un objet qu’il possède avec un objet que le héros possède (ce que le héros veut aussi d’ailleurs) et s’obstine à vouloir détruire le héros avec son précieux chargement… On oubliera aussi que les Russes ne pouvaient pas ignorer où se situait le sous-marin détruit au début puisque c’était le leur et qu’ils ont retrouvé les corps de l’équipage. Même s’il fallait chercher un peu, en quelques années… Pourtant, personne ne sait où le sous-marin se situe et c’est un des enjeux majeurs du film…

Passons sur le fait que les arsenaux nucléaires sont connectés à Internet, que la sécurité américaine résiste évidemment mieux que toutes les autres et que personne (sauf à la fin) ne songe à déconnecter le bazar… Passons aussi sur le fait que la bêtise artificielle veut se réfugier dans un bunker secret que tout le monde connait mais en prenant bien garde à s’effacer de partout avant alors qu’elle s’apprête à tout détruire…

Action !

Alors que reste-t-il ? De belles cascades, de magnifiques paysages… Ceux qui accepteront la « Mission : Impossible – Suspension d’incrédulité » apprécieront sans doute l’action, les cascades, les combats en tous sens… Techniquement, le film est très bien fait.

Mais il serait temps de créer des écoles pour les scénaristes. Ou d’en recruter qui ont un QI supérieur à 2.

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