Catégorie : Humeurs, le blog de Pierre Béhel

Le blog de Pierre Béhel comprend ses humeurs, ses critiques, de belles histoires et des extraits de ses oeuvres.

  • 18 juin 1940 : naissance d’un mythe national

    Le 18 juin 1940, le sous-secrétaire d’Etat à la Défense de l’avant-dernier gouvernement de la Troisième République française, le colonel et général à titre provisoire Charles De Gaulle, a lancé un appel à résister à l’invasion allemande du territoire national sur les ondes de la BBC. Cet appel a constitué un refus de reconnaître l’autorité de son ancien mentor (avec qui il était déjà fâché), le maréchal Philippe Pétain, nommé président du conseil et, de ce fait, dernier chef du gouvernement de la Troisième République puisqu’il pilota l’abolition de cette même république le 10 juillet 1940.

    Juridiquement, la France était dirigée par Philippe Pétain et les ordres de son gouvernement étaient ceux de l’autorité constituée. L’acte de De Gaulle constituait donc une trahison et il fut à ce titre condamné à mort par un tribunal militaire le 2 août 1940. Pour se justifier, De Gaulle évoqua la trahison des responsables de Vichy, ce qui est une opinion morale mais pas une réalité juridique. Opinion morale et réalité juridique ne se rejoignirent qu’avec la prise du pouvoir par De Gaulle.

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  • Collection Pinault : contrastes de l’art moderne

    La Fondation Louis Vuitton dispose, dans le Bois de Boulogne, d’un musée d’art moderne issu de la collection de Bernard Arnault. Je l’avais visitée en 2019. Le rival de Bernard Arnault, François Pinault, a désormais lui aussi son musée d’art moderne, ouvert dans le centre de Paris : la Bourse de Commerce – Collection Pinault. Je l’ai récemment visitée et je vous ai ramené quelques photos.

    Si l’écrin est indubitablement magnifique, la rénovation admirable, les oeuvres qu’on y trouve reflètent les grands contrastes de l’art moderne, de l’oeuvre intéressante au foutage de gueule intégral.

    Dans cette dernière catégorie, on peut citer par exemple une aile d’épave de voiture, un aspirateur, un crochet standard entouré de marques de poussière collée, une bâche en plastique déchirée ou une série de photographies de gobelets en plastique.

    A l’inverse, il y a des oeuvres picturales ou plastiques post-réalistes, naïves ou même franchement abstraites dont la contemplation est agréable ou bien qui amène à des réflexions variées.

  • Ne soyons ni technobéats ni technophobes

    Apotheosis - Les hommes-dieux

    Quand j’ai créé Emenu, dans Carcer, puis que j’ai repris ce concept d’univers virtuel pair-à-pair de partage documentaire dans plusieurs romans, notamment Apotheosis, je visais notamment à contrer tous les défauts classiques d’Internet. Dans Apotheosis justement, j’ai également abordé le sujet délicat du transhumanisme avec un aveugle qui voit grâce à des implants qui lui permettent aussi, justement, de circuler aisément dans Emenu. La morale d’Apotheosis, rappelons-le, est, qu’à l’heure où les technologies permettent tout, les dieux sont inutiles. On voit ainsi, en quelques lignes, comment naissent deux extrêmes autant condamnables l’un que l’autre : la technobéatitude (la technologie peut tout, il faut lui faire confiance) et la technophobie (la technologie est le mal qui nous éloigne de Dieu, de la Nature, etc.).

    Rester calme et raisonnable entre les insultes des deux camps relève parfois de l’effort surhumain. Il faut donc pouvoir recracher sa colère en essayant malgré tout de rester fidèle à une ligne de conduite raisonnée. Je vais tenter l’exercice dans les lignes qui suivent.

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  • Soul ou le triomphe de Disney+

    Soul a été réalisé par Pete Docter et Kemp Powers pour les studios Disney / Pixar. Il a été l’un des premiers longs métrages à gros budget à sortir exclusivement sur le service de streaming Disney+ et pas en salles, les salles étant fermées à cause de la crise sanitaire Covid-19.

    Le 25 avril 2021, Soul a obtenu l’Oscar du film d’animation. Cette récompense est amplement méritée et jette une sacrée pierre dans le jardin du Festival de Cannes ou des César.

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  • Le cordonnier sans chaussure

    Il y a près de deux mois, j’ai écrit ici-même un billet intitulé « Créer puis promouvoir » où je m’accusais d’être un cordonnier mal chaussé. En l’occurrence, je rappelais que je notais dans ma conférence sur l’auto-édition comme un écueil majeur de l’auteur auto-édité de négliger sa promotion. Et je constatais alors que je négligeais fortement ma promotion. Je signalais donc que je lançais une série d’opérations promotionnelles. Il est vrai que mon niveau de ventes avait prodigieusement chuté sur un an (environ -90% !).

    La première opération était la mise à disposition de services de presse pour les blogueurs et autres sur un site dédié. Si j’ai pu intéresser, malgré une promotion payante, une blogueuse qui m’a fait une très belle critique… ben, c’est tout ! Deuxième série d’opérations : une série de publicités payantes sur le site ActuaLitté, dédié au sujet de la littérature.

    Au bout du compte, le bilan commercial de ces opérations est quasi-nul.

    Je dois vous avouer que, parfois, je me dis : « à quoi bon ? »

  • Le mal est partout

    Pour un passionné d’histoire et de découvertes des civilisations passées comme moi, il y a des petits refrains moralisateurs actuels qui m’échauffent sérieusement. Il est facile d’accuser des gens prompts à la repentance et avec des financements pour se faire pardonner. Il est facile de toujours dire : « c’est la faute des méchants, qu’ils payent ». Trop facile.

    Les Européens ont colonisé le monde. C’est vrai. Ils n’ont pas toujours été gentils, c’est vrai aussi. La colonisation ? Oui, c’est mal selon nos normes morales actuelles. L’esclavage à base raciste ? Oui, aussi.

    Bon, maintenant, examinons les faits. Oui, les faits, ces choses qui énervent tant les militants obsédés ou les politiciens populistes qui excitent les foules incultes.

    Les faits.

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  • Fin de vie : le choix bientôt plus de la science-fiction ?

    Une dernière semaine auprès de la mer
    Une dernière semaine auprès de la mer

    Le 18 mars 2021, l’Espagne a rejoint les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg en devenant le quatrième pays d’Europe à donner le droit de mourir dans la dignité en légiférant sur l’euthanasie. A ces quatre là s’ajoute la Suisse qui n’a pas une véritable législation sur le sujet même si, concrètement, cela ne change pas grand’chose. Et le débat est actuellement ouvert, au Parlement, en France.

    J’ai abordé ce sujet dans un roman : Une dernière semaine auprès de la mer. Celui-ci date du printemps 2018.

    C’est pour moi un sujet important et je me réjouis des avancées en cours. Si vivre est un droit, mourir doit l’être aussi. Rien ne me fait plus horreur que d’être, peut-être, condamné à lentement me liquéfier dans un lit, à y pourrir en perdant sans doute l’esprit et à coup sûr la dignité. Je n’aurais alors plus la moindre utilité mais je représenterais une charge pour tous : mes proches, bien sûr, mais aussi les contribuables.

    Etant agnostique, j’ignore ce qui nous attend (ou pas) derrière le mur de la mort. Si celle-ci est la fin, autant que ce soit rapide. Si quelque chose nous attend après, alors inutile d’attendre dans la souffrance. Quel dieu serait assez cruel pour nous condamner à cela ? Il faut être un humain pour cela.

  • Les mésaventures des artistes face à la propriété littéraire et artistique

    La chanteuse américaine Taylor Swift s’est lancée dans des réenregistrements de ses premiers albums. Il s’agit là de l’épilogue d’une longue bagarre qui l’a opposée à ses producteurs.

    Désormais riche en plus d’être célèbre, elle a décidé de reprendre son indépendance. Et, surtout, de vider de sa valeur le patrimoine acquis par un homme qu’elle hait, à savoir les enregistrements originaux de ses premiers album.

    D’autres artistes, pourtant célèbres, se sont retrouvés ainsi privés de la propriété de leurs oeuvres : The Beattles, par exemple, dont le catalogue a un temps appartenu à Michael Jackson.

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  • Cinq-Mars : ne perdez pas la tête !

    Nous sommes le cinq mars. C’est une bonne date pour parler d’un individu qui perdit la tête pour l’avoir vue trop enfler : Henri Coëffier de Ruzé d’Effiat, marquis de Cinq-Mars.

    Ce personnage m’a toujours à la fois fasciné et amusé. J’admets que son nom ridicule a été un facteur pour mon intérêt.

    Mais Cinq-Mars est surtout l’archétype du jeune crétin prétentieux, de l’arriviste raté. Tellement raté qu’il va être condamné à mort et exécuté.

    Revenons sur cet individu. Issu d’une noblesse de niveau raisonnable mais sans plus, il est protégé par Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit Cardinal de Richelieu, qui était ami de son père. Pour des raisons de basse politique, le cardinal introduit son jeune protégé auprès du Roi et Cinq-Mars devient ainsi le favori de Louis XIII.

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  • Il y a 30 ans, Serge Gainsbourg

    Que reste-t-il de Lucien Ginsburg ? Sans doute pas même quelques os, au cimetière du Montparnasse. Que reste-t-il de Serge Gainsbourg ? Une œuvre musicale considérable et une influence importante sur de nombreux artistes qui l’ont avoué, sans oublier ceux qui ne veulent pas l’admettre.

    C’est là la différence entre un être humain et un artiste de génie.

    Lucien Ginsburg dit Serge Gainsbourg est né le 2 avril 1928 à Paris et mort le 2 mars 1991 dans cette même ville, il y a trente ans.

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