Auteur/autrice : Pierre Béhel

  • Naïa, la sorcière et son musée fantastique

    Dans la ville de Rochefort-en-Terre, quelque part en Bretagne entre Redon et Vannes, vivait au tournant du XIXème et du XXème siècle une sorcière. Celle-ci se nommait Naïa. Elle vivait en recluse, en troglodyte, dans les ruines du château ou plutôt dans les souterrains de ces ruines.

    Comme toutes les authentiques sorcières, elle était chamane, guérisseuse et tout ce qu’il faut pour servir la population locale. Et, bien entendu, elle était assez étrange pour exciter l’imagination des bourgeois. Il va de soi qu’un jour elle mourut.

    Lorsque le château fut rénové pour y installer un musée des arts fantastiques, il prit naturellement le nom de Naïa Museum.

    Le Naïa Museum sert également de galerie où des oeuvres d’artistes plus ou moins contemporains sont exposées et vendues. On y trouve toutes sortes de créations, essentiellement des sculptures, souvent des mobiles illuminés, mais aussi des peintures. Si des styles variés sont présents, il existe une unité autour d’un thème : l’imaginaire, le fantastique.

    Enfin, le village de Rochefort-en-Terre mérite aussi une visite. Bien rénové, il met en valeur un caractère bien breton. Et il dispose de nombreuses boutiques d’artisanat locaux. Son centre est totalement piétonnier, favorisant de ce fait la promenade.

  • L’indépendance des créateurs progresse aussi dans la BD

    Le dessinateur Boulet a lancé le 1er septembre 2021 matin un appel à financement participatif pour éditer son prochain recueil, Rogatons. Fort d’une communauté de fans importante acquise grâce à son célèbre blog-BD, le dessinateur était un candidat évident à l’auto-édition depuis des années.

    Le financement participatif a ainsi atteint les 100% de couverture en environ une heure, 500% avant la fin de la journée et, le lendemain matin, dépassait les 700%. Vous pouvez souscrire ici (ou simplement aller voir à quel niveau la sur-souscription est arrivée).

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  • L’étrange cimetière d’animaux d’Asnières

    Voilà un lieu étrange, célèbre et inconnu à la fois. Le cimetière des chiens et autres animaux domestiques d’Asnières, dans la banlieue parisienne, est l’un des rares cimetières d’animaux dans le monde. On y trouve des tombes d’animaux domestiques (chiens et chats surtout) avec monuments funéraires, modèles réduits de monuments destinés aux humains (ou monuments monumentaux parfois).

    Quelques monuments sont somptueux, d’autres plus simples. Les épitaphes sont parfois touchantes, souvent ridicules.

    L’originalité du lieu amène à une visite intéressante.

    Le cimetière des chiens et autres animaux domestiques d’Asnières se situe le long de la Seine, entre deux stations de métro de la ligne 13, Gabriel-Péri et Mairie-de-Clichy.

  • Mexico-Tenochtitlan : 500ème anniversaire de la chute

    Le 13 août 1521, il y a exactement 500 ans, 200 000 guerriers Tlaxcaltèques et une poignée de soldats espagnols (quelques centaines) ont pris la ville de Mexico-Tenochtitlan, anéantissant du même coup l’empire aztèque. Le dernier empereur, Cuauhtémoc, était capturé et torturé pour révéler où était le trésor royal. Il sera pendu quelques temps plus tard.

    Précisons aux superstitieux que si le 13 août 2021 est un vendredi, le 13 août 1521 était un mardi.

    C’est une bonne occasion pour rappeler que l’histoire des Amériques est bien plus complexe que l’image qu’en ont beaucoup de gens. Les Aztèques étaient des conquérants ayant établi un empire assez récent, leur capitale ayant été fondée vers 1300 de l’ère chrétienne. Exactement comme pour les Incas un peu plus tard, ce sont les peuples récemment soumis qui ont renversé ces puissances impérialistes. Les Espagnols ont profité de l’aubaine et joué un rôle d’instigateur et d’appuis avec leurs chevaux, leurs chariots, leurs épées et leurs fusils (les peuples locaux ignoraient la roue, la poudre, le métal et la monte).

    Si je n’ai jamais visité Mexico, je me suis rendu une fois au Mexique.

  • OSS 117 : troisième aventure déjantée

    OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, de Nicolas Bedos, avec Jean Dujardin, Pierre Niney et Fatou N’Diaye, poursuit la saga de l’agent secret le plus raciste et imbécile initiée par Michel Hazanavicius. Cette saga parodique de films d’espionnage très librement inspirée du personnage l’écrivain français Jean Bruce ne fait pas dans la dentelle.

    Ce troisième épisode est donc réalisé par Nicolas Bedos qui remplace Michel Hazanavicius. Il était attendu au tournant.

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  • Kaamelott : table ronde en livraison conforme

    Kaamelott – Premier volet, de et avec Alexandre Astier, était très attendu. Le passage sur grand écran de la saga médiévalo-comique se fait à l’occasion d’une suite au célèbre feuilleton télévisé.

    Au Royaume de Logre, Lancelot-du-Lac a donc usurpé le pouvoir et se comporte en tyran. Les dieux sont mécontents, Arthur Pendragon revient donc (malgré lui) pour remettre de l’ordre dans le bazar qu’il a laissé en plan.

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  • 2001, 20 ans (ou 53 ans) après

    En 1968 sont sortis d’abord le film puis le roman 2001, l’Odyssée de l’espace (2001: A Space Odyssey). Basée sur plusieurs nouvelles d’Arthur C. Clark, l’histoire aborde de nombreux thèmes classiques de la science-fiction : l’origine de l’humanité, l’intelligence artificielle hostile, les extra-terrestres ultra-évolués, le voyage spatial… Le film de Stanley Kubrick a également marqué l’histoire du cinéma malgré de très graves défauts qui en font un film profondément ennuyeux bien que magnifique.

    Comme le titre l’indique, l’essentiel de l’histoire se déroule en 2001.

    Vingt ans après cette date, il est intéressant de regarder comment, il y a cinquante-trois ans, on imaginait notre époque.

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  • 18 juin 1940 : naissance d’un mythe national

    Le 18 juin 1940, le sous-secrétaire d’Etat à la Défense de l’avant-dernier gouvernement de la Troisième République française, le colonel et général à titre provisoire Charles De Gaulle, a lancé un appel à résister à l’invasion allemande du territoire national sur les ondes de la BBC. Cet appel a constitué un refus de reconnaître l’autorité de son ancien mentor (avec qui il était déjà fâché), le maréchal Philippe Pétain, nommé président du conseil et, de ce fait, dernier chef du gouvernement de la Troisième République puisqu’il pilota l’abolition de cette même république le 10 juillet 1940.

    Juridiquement, la France était dirigée par Philippe Pétain et les ordres de son gouvernement étaient ceux de l’autorité constituée. L’acte de De Gaulle constituait donc une trahison et il fut à ce titre condamné à mort par un tribunal militaire le 2 août 1940. Pour se justifier, De Gaulle évoqua la trahison des responsables de Vichy, ce qui est une opinion morale mais pas une réalité juridique. Opinion morale et réalité juridique ne se rejoignirent qu’avec la prise du pouvoir par De Gaulle.

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  • Collection Pinault : contrastes de l’art moderne

    La Fondation Louis Vuitton dispose, dans le Bois de Boulogne, d’un musée d’art moderne issu de la collection de Bernard Arnault. Je l’avais visitée en 2019. Le rival de Bernard Arnault, François Pinault, a désormais lui aussi son musée d’art moderne, ouvert dans le centre de Paris : la Bourse de Commerce – Collection Pinault. Je l’ai récemment visitée et je vous ai ramené quelques photos.

    Si l’écrin est indubitablement magnifique, la rénovation admirable, les oeuvres qu’on y trouve reflètent les grands contrastes de l’art moderne, de l’oeuvre intéressante au foutage de gueule intégral.

    Dans cette dernière catégorie, on peut citer par exemple une aile d’épave de voiture, un aspirateur, un crochet standard entouré de marques de poussière collée, une bâche en plastique déchirée ou une série de photographies de gobelets en plastique.

    A l’inverse, il y a des oeuvres picturales ou plastiques post-réalistes, naïves ou même franchement abstraites dont la contemplation est agréable ou bien qui amène à des réflexions variées.

  • Ne soyons ni technobéats ni technophobes

    Apotheosis - Les hommes-dieux

    Quand j’ai créé Emenu, dans Carcer, puis que j’ai repris ce concept d’univers virtuel pair-à-pair de partage documentaire dans plusieurs romans, notamment Apotheosis, je visais notamment à contrer tous les défauts classiques d’Internet. Dans Apotheosis justement, j’ai également abordé le sujet délicat du transhumanisme avec un aveugle qui voit grâce à des implants qui lui permettent aussi, justement, de circuler aisément dans Emenu. La morale d’Apotheosis, rappelons-le, est, qu’à l’heure où les technologies permettent tout, les dieux sont inutiles. On voit ainsi, en quelques lignes, comment naissent deux extrêmes autant condamnables l’un que l’autre : la technobéatitude (la technologie peut tout, il faut lui faire confiance) et la technophobie (la technologie est le mal qui nous éloigne de Dieu, de la Nature, etc.).

    Rester calme et raisonnable entre les insultes des deux camps relève parfois de l’effort surhumain. Il faut donc pouvoir recracher sa colère en essayant malgré tout de rester fidèle à une ligne de conduite raisonnée. Je vais tenter l’exercice dans les lignes qui suivent.

    Version audio du billet

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